01 septembre 2014

Le cœur cousu - Carole Martinez


Auteur : Carole Martinez
 Titre : Le cœur cousu

Broché :  448 pages
Editeur : Folio
  Edition : 5 mars 2009

Un magnifique conte, entre superstitions et fantastique.




   
Présentation de l'éditeur :

Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse... Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels. Carole Martinez construit son roman en forme de conte: les scènes, cruelles ou cocasses, témoignent du bonheur d'imaginer. Le merveilleux ici n'est jamais forcé: il s'inscrit naturellement dans le cycle de la vie.

Ma lecture :

"Écoutez mes sœurs !
Écoutez cette rumeur qui emplit la nuit !
Écoutez... le bruit des mères !
Écoutez-le couler en vous et croupir dans vos ventres, écoutez-le stagner dans ces ténèbres où poussent les mondes !"
Le cœur cousu - Carole Martinez - Ed. Folio, p. 391

Si je vous ai reparlé il y a peu de Gabriel Garcia Marquez et de L'amour et autres Démons, c'est que ce premier roman de Carole Martinez ne peut empêcher le lecteur de faire un rapprochement. Et l'auteure supporte brillamment la comparaison.

Le style d'abord, et l'écriture de Carole Martinez sont un mélange de poésie, de douceur et de retenue, de violence et de révolte aussi. Les mots sont magnifiques et rendent avec précision l'atmosphère envoutante du récit.


Les fileuses (vers 1657) - Diego Velasquez


Car ce roman navigue sans cesse entre d'une part, une réalité douloureuse des femmes au cœur de l'Espagne du début du XIXème siècle, où elles subissent l'autorité de leurs père et époux et celle de l'église, et d'autre part le monde qu'elles se construisent empli de superstitions, de fables et d'un ensemble de récits bâtis autour de la féminité. C'est ce côté fantastique, diffus dans une réalité tellement oppressante, qui apparente si bien sur Carole Martinez à Garcia Marquez, l'un des auteurs sud-américain les plus populaires du XXème siècle. C'est également cette pincée de fantaisie qui donne la force à ces femmes d'affronter leur quotidien.

"Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines.
Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recettes se côtoient. l'art culinaire des femmes regorge de mystère et de poésie.
Tout nous est enseigné à la fois : l'intensité du feu, l'eau du puits, la chaleur du fer, la blancheur des draps, les fragrances, les proportions, les prières, les morts, l'aiguille, et le fil... et le fil."
Le cœur cousu - Carole Martinez - Ed. Folio, p. 391

Un récit magique qui présente avec beaucoup de poésie les liens qui unissent une mère et ses filles.

"Les petites portes des fourneaux, les bassines de bois, les trous des puits, les vieux citrons se sont ouverts sur un univers fabuleux qu'elles seules ont exploré.
Opposant à la réalité une résistance têtue, nos mères ont fini par courber la surface du monde du fond de leur cuisine.
Ce qui n'a jamais été écrit est féminin."
Le cœur cousu - Carole Martinez - Ed. Folio, p. 392

Et je laisse le mot de la fin à l'auteure que je ne me lasse pas de relire, en piochant au hasard des pages.
" Soledad, ma fille, sens ce vent sur ton visage.
C'est mon baiser.
Celui que jamais je ne t'ai donné."
Le cœur cousu - Carole Martinez - Ed. Folio, p.440

Femme sur son panier - Fransiscio Gras Plassard


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De nouveau, une magnifique plume au féminin à inscrire au défi de Opaline, un premier roman à inscrire chez Daniel, et bien sûr, une lecture pour le challenge Un Mot, Des titres proposé par Calypso qui avait retenu pour cette 26ème édition, le mot cœur.

http://itzamna-librairie.blogspot.fr/p/challenge-un-mot-des-titres-principe.html    http://itzamna-librairie.blogspot.fr/p/defi-la-plume-au-feminin-principe.html    http://fattorius.over-blog.com/




8 commentaires:

  1. Merci pour cette participation, et pour ce beau partage au sujet d'un roman qu'il faudra encore que je lise - tu m'y encourages!... Je viens de relayer.

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    1. Un très beau premier roman de mon point de vue. A ne pas manquer effectivement.

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  2. J'ai aussi beaucoup ce roman à l'image d'un conte merveilleux.

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  3. Quel beau souvenir de lecture ! J'ai aussi beaucoup aimé "Du domaine des murmures"

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    1. Je viens d'acheter ce titre également, que j'avais repéré il y a bien longtemps. Il m'attend toujours pour le moment... Que nos PAL sont lourdes !!!

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  4. Je n'ai toujours pas compris ce qu'on peut trouver à ce bouquin que j'ai détesté. C'est un coup de coeur pour beaucoup. Je ne partage pas du tout l'enthousiasme général.
    Bon weekend.

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  5. En tant que fille de ma mère et mère, moi-même, d'une petite fille, je me rends compte que je suis particulièrement sensible à ces récits tournant autour de la relation mère-fille (filles ici, en l'occurrence). Et ce roman est, selon moi, une réelle réussite de ce point de vue. Ceci explique peut-être cela... Mais les autres aspects m'ont également enthousiasmée. Et heureusement, il y en a pour tous les goûts ;-)

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  6. Rebonjour, c'est grâce à une blogueuse que j'ai lu Le coeur cousu qui m'a emballée (tout au moins, le grand premier chapitre). Bonne journée.

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