20 novembre 2012

Une place à prendre - J. K. Rowling

Auteur : J. K. Rowling
Titre : Une place à prendre

Broché : 680 pages
Editeur : Grasset
Sortie 28 septembre 2012

Madame Harry Potter confirme.





Présentation de l'éditeur :


Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable. Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie. Attendue de tous, J.K. Rowling revient là où on ne l’attendait pas et signe, avec ce premier roman destiné à un public adulte, une fresque féroce et audacieuse, teintée d’humour noir et mettant en scène les grandes questions de notre temps.

Ma lecture :

Je ne sais pas bien à quoi je m'attendais... mais certainement pas à engloutir les 680 pages que comptent ce roman aussi rapidement !!!

Je n'ai jamais lu les aventures de Harry Potter : je partais donc sans idées préconçues quant aux talents d'écrivain de Mme Rowling. J'ai pourtant vu quelqu'uns des films tirés de ses romans et j'avoue avoir été un peu surprise de ne pas retrouver l'ambiance fantastique de la série qui a fait son succès. Le résumé en quatrième de couverture ne laissait rien présager de tel mais enfin, sa réputation est tenace.

Quoiqu'il en soit, sitôt les personnages de ce roman présentés, j'ai pleinement plongé dans ce récit, quasiment ethnographique, d'un petit village du sud ouest de l'Angleterre. J'ai souri dans les premières pages, la quatrième de couverture faisant référence à l'humour noir de l'écrivain... Mais très vite, j'ai pris cette histoire avec beaucoup plus de gravité. Parce que ce roman est tout sauf léger. Ce sont les rancunes, les secrets, les troubles psychologiques plus ou moins graves, les espoirs déçus, la violence ou la soumission, la misère... des uns et des autres qui nous sont décrits ici avec une précision et une justesse particulièrement saisissantes. Dans son premier roman pour adultes, J. K. Rowling porte un regard aiguisé sur la psychologie de ses personnages. Certes, les caractères sont plutôt négatifs ; ce qui rend d'ailleurs celui de Barry, celui dont la place est à prendre et dont l'absence éclaire tout le récit, particulièrement séduisant et lumineux.

Sur la forme, la lecture est fluide, alternant chapitres après chapitres les visions des protagonistes de l'histoire. L'auteure a su construire un suspens à l'image des meilleurs polars. Page après pages, chapitre après chapitres, le lecteur est happé par le récit dans l'espoir d'un dénouement à la hauteur de sa lecture. De ce côté non plus je n'ai pas été déçue.

Sur le fond, l'auteur nous présente un portrait ethnographique de la petite bourgade de Pagford qui paraît comme un camp retranché de la campagne anglaise, refusant la confrontation avec la réalité sociale contemporaine. Car ce qui cristallise essentiellement toutes les tensions et fait ressortir au grand jour ce que chacun a jalousement tenté de garder pour lui, c'est la place que la communauté souhaite donner, ou pas, aux Champs. Les Champs, c'est une cité comme nous en connaissons tous, un lieu fantasmagorique, au sens où chacun y projette ses pires cauchemards. C'est un lieu où les populations vivent dans un grande précarité et accumulent les obstacles : chômage, pauvreté, isolement, instabilité familiale, misère, addictions en tous genres, maltraitances...

C'est dans cet environnement des Champs qu'essayent de survivre Krystal et Robbie. Le destin de ces deux enfants de la misère m'a particulièrement touchée. A l'heure où l'on parle d'égalité des chances, d'égal accès à l'éducation, à la culture, à l'emploi... Aujourd'hui, à la date du 23ème anniversaire de l'adoption par l'Assemblée Générale des Nations Unies de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, on voit que beaucoup de choses restent à faire. Parce que ce livre montre aussi combien les bonnes volontés ne suffisent pas et sont souvent trahies par un système aveugle aux difficultés individuelles. Et ce quels que soient les milieux : aux Champs comme ailleurs à Pagford, dans le secret du foyer.

La conclusion du roman laisse un arrière-goût amer, empli de regrets et d'un sentiment d'injustice particulièrement révoltant. C'est ce sentiment de révolte qui prédomine une fois le livre refermé, accompagné d'une notion d'urgence. Urgence à témoigner, à rendre compte, à mobiliser et à faire changer les choses. Je ne sais pas si telle était l'intention de J. K. Rowling en écrivant ce roman... Mais j'ai été particulièrement surprise et séduite par l'acuité dont elle a su faire preuve au long de ces 680 pages dans la description du monde contemporain. Un témoignage réussi.

Village du Kent (UK)


Quand on sait que la France de 2012 se positionne parmi les moins bons élèves des pays les plus riches lorsque l'on étudie la pauvreté des enfants, ce livre laisse songeur... La France se situe au 14ème rang des 35 pays étudiés, avec 8,8% d’enfants pauvres si l’on considère la « pauvreté relative » (soit plus de 2 millions !). Et si l’on retient comme indicateur un « taux de privation », la France compte 10,1% d’enfants pauvres.
Cf le rapport du  centre de recherche Innocenti de l'UNICEF - Mesurer la pauvreté des enfants - 2012.



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Une lecture réalisée dans le cadre du " match de la rentrée littéraire 2012" proposé par  Priceminister. 
Merci beaucoup pour cette découverte !
J'accorde la note de 18/20 à cet ouvrage.

Rentrée-Littérraire-V2-logo
Vous pouvez vous procurer cet ouvrage directement sur le site de Priceminister en cliquant sur le lien ci-dessus.


Une lecture à inscrire également au défi "Une plume au féminin" proposé par  Opaline - Biblimaginaire.

    

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